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Où frappera le prochain feu de forêt extrême?
Rapport de recherche Deep Sky : Risque extrême d'incendie de forêt
On ne saurait ignorer les feux de forêt qui empirent partout en Amérique du Nord. Certains ont aperçu les flammes et même perdu leurs maisons, et tant d’autres ont sans doute respiré les fumées. Le présent rapport décrit les récents constats de recherche de Deep Sky, qui a mis au point un modèle pour démontrer comment les risques de feux de forêt évoluent en raison des changements climatiques.
Les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers
Afin de comprendre l’augmentation de la destruction causée par les feux de forêt, on peut d’abord examiner les conditions sous-jacentes. L’indice Forêt-Météo (IFM) est une méthode mise au point par le Service canadien des forêts et utilisée à l’échelle mondiale pour évaluer le risque de feux de forêt. À partir de calculs basés sur la température, l’humidité, la vitesse du vent et les précipitations, elle donne un aperçu global de l’inflammabilité d’une zone.
Les changements climatiques, qui ont une incidence directe sur chacun de ces facteurs, font augmenter la fréquence et la gravité des feux de forêt. L’équipe de recherche de Deep Sky a analysé les tendances dans les conditions météorologiques propices aux incendies forestiers partout en Amérique du Nord et constaté une hausse marquée de la probabilité de cas extrêmes.
La carte ci-dessous indique comment les conditions météorologiques propices aux incendies forestiers évoluent dans la zone continentale des États-Unis. Le principal constat? Les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers se multiplient et ne font qu’empirer. Plus la teinte de rouge est foncée, plus les conditions météorologiques propices aux incendies forestiers sont à la hausse dans le comté. Les rares comtés en bleu ont observé une diminution du risque.
Dans notre billet sur les modèles climatiques, nous préconisons une évaluation du risque inspirée de la méthode des compagnies d’assurance pour mieux comprendre les risques climatiques. Nous avons employé cette méthode dans nos recherches sur les feux de forêt. Avant d’assurer votre domicile ou votre véhicule, les actuaires examinent la fréquence et la gravité des risques. Ils se demandent : « À quelle fréquence et à quel point les choses pourraient-elles mal tourner? » Hélas, les conditions météorologiques extrêmes liées aux incendies forestiers empirent sur ces deux fronts. En Amérique du Nord, la fréquence de ces conditions a monté en flèche, et le potentiel maximal de conditions météorologiques propices aux incendies forestiers a aussi augmenté considérablement.
L’équipe de recherche de Deep Sky a mis au point un modèle pour démontrer comment les risques de feux de forêt évoluent en raison des changements climatiques. Ce modèle a fait ressortir les constatations importantes qui suivent.
1 : Le risque maximal de feux de forêt est environ 15 fois plus élevé qu’avant en Amérique du Nord.
Le modèle montre que les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers observées une fois par siècle par le passé reviendront désormais tous les sept ans en moyenne. Cela signifie que les feux de forêt déclenchés par la foudre, les incendies criminels ou les étincelles d’un train se propageront plus rapidement que jamais, causant davantage de dommages matériels et de pertes de vie sur leur passage.
Les feux les plus dévastateurs et mortels de l’histoire ont été alimentés par des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers. En effet, ces cas démontrent clairement que la hausse des conditions météorologiques propices aux incendies forestiers pose un grave danger. L’importance de surveiller les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies est expliquée plus bas.
2 : La fréquence des risques extrêmes de feux de forêt est 20 fois plus élevée que par le passé.
La fréquence des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers, soit celles au-delà du 95e centile pour une zone donnée, a augmenté encore plus brusquement que leur intensité. Les niveaux de risque de feux extrêmes généralisés que l’on observait autrefois une fois par siècle reviendront désormais tous les cinq ans. Les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers deviendront plus fréquentes tout au long de l’année. De plus, la saison des feux de forêt commencera plus tôt au printemps et se terminera plus tard à l’automne. Dans certaines régions du pays, les feux de forêt sévissent peu importe la saison.
L’arrivée de conditions météorologiques favorables, comme la pluie ou le temps frais, permet souvent d’éteindre naturellement un feu de forêt hors de contrôle. Si les conditions météorologiques propices aux incendies forestiers continuent d’augmenter, ces fluctuations vitales se feront de plus en plus rares. Et la probabilité de subir des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers à l’avenir va en augmentant.
3 : Dans certaines régions, les risques augmentent encore plus rapidement.
Parcourez les diapositives ci-dessous pour voir où les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers augmentent le plus rapidement et savoir quelle région connaît une baisse.
4 : L’augmentation devient de plus en plus rapide.
Une constatation frappante tirée du modèle de risque de feux de forêt concerne la progression non linéaire des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers. Ces risques augmentent à un rythme préoccupant. Les tendances non linéaires sont difficiles à appréhender, surtout dans le cas de données climatiques qui s’étendent sur une assez longue période. De plus, les modèles climatiques étudiant la relation entre des variables en particulier ne sont peut-être plus d’actualité si cette relation évolue au fil du temps.
C’est pourquoi le modèle de risque de feux de forêt permet une évolution de la relation entre le temps et les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers à mesure que la planète se réchauffe sous le coup des émissions de gaz à effet de serre.
Pourquoi se pencher sur les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers?
Le concept de conditions météorologiques propices aux incendies forestiers ignore certains aspects clés de ces derniers, comme la source d’inflammation. Cependant, des études démontrent que les conditions météorologiques extrêmes sont de puissants prédicteurs des feux de forêt dévastateurs ayant entraîné des évacuations de masse dans les dernières années. Ces incendies ne sont tout simplement pas maîtrisables. Citons comme exemple l’incendie de Fort McMurray survenu en 2016 en Alberta, le Camp Fire de 2018 en Californie, qui a causé 85 décès et plus de 16 G$ US en dommages, et les feux qui ont réduit en cendres 45 millions d’acres de forêt au Canada l’été dernier.
Le graphique ci-dessous situe quatre des incendies les plus destructeurs jamais enregistrés en Amérique du Nord par rapport aux conditions météorologiques propices aux incendies forestiers. Chaque point représente une année, et son placement sur l’axe horizontal correspond au pourcentage de conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies dans le comté durant cette période. À des fins de comparaison exacte, on a filtré les points dans chaque rangée pour afficher uniquement les mois des feux à l’étude.
Chacun de ces feux se trouve près de l’extrémité droite de l’échelle propre au comté. Voilà qui démontre l’importance d’analyser les tendances dans les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers, faute de quoi nous ne serons pas préparés aux prochains feux de cette ampleur.
Émission des feux de forêt
Les feux de forêt survenus au Canada l’été dernier ont eu des effets dévastateurs : 45 millions d’acres ont brûlé, des centaines de milliers de personnes ont dû quitter leur domicile, et un nuage de pollution a enveloppé le continent entier. À long terme, ces incendies sont aussi préoccupants en raison de leurs émissions de carbone. Les émissions provenant des feux de forêt au Canada en 2023 étaient plus de deux fois supérieures à celles de l’industrie pétrolière et gazière, soit la plus grande source d’émissions au pays.
Les climatologues appellent ce phénomène un « cercle vicieux ». Les changements climatiques font empirer les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies, qui à leur tour causent des feux de forêt plus destructeurs que jamais. Ces derniers génèrent de fortes émissions de carbone qui accélèrent les changements climatiques, et le cycle recommence. Ce type de cercle vicieux est assez préoccupant. Si la mort et la destruction laissées dans le sillage des feux de forêt ne suffisent pas comme argument pour lutter contre les changements climatiques, pensons alors à l’urgence de briser le cycle pour éviter un point de non-retour.
Méthodologie
Les principes fondamentaux de la recherche de Deep Sky sont expliqués dans ce billet sur l’élaboration de nos modèles. Cette section contient des précisions sur l’analyse mentionnée dans le présent rapport.
Le rapport analyse des données sur les conditions météorologiques propices aux incendies forestiers en Amérique du Nord entre 1973 et 2024, soit plus de 40 ans d’observations. Les données étudiées proviennent de recherches par Vitolo et coll., 2020. À partir des données sur les indices Forêt-Météo (IFM), on a défini deux indicateurs : la gravité et la fréquence des conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers. La gravité correspond à l’IFM maximum attendu chaque année dans une zone donnée, tandis que la fréquence est le nombre ou le pourcentage de cas où l’IFM est supérieur au 95e centile pour cette zone. Sauf indication contraire, la période de référence commence en 1973 et se termine en 1999.
Le présent rapport se base sur des statistiques de valeurs extrêmes, comme décrit ici, pour modéliser les tendances dans les conditions météorologiques extrêmes propices aux incendies forestiers et calculer leur période de récurrence. Cet article part d’une méthodologie comparable et fait état de résultats semblables en Europe. Une annexe technique est offerte sur demande.